Lettre au Préfet
Monsieur Jacky CHANTON
10, rue des Vignes
34970 Lattes
Monsieur Pierre de BOUSQUET de FLORIAN
Préfet de Région Languedoc-Roussillon
Place Martyrs-de-la-Résistance
34062 Montpellier Cedex
Lattes le 26 Septembre 2014
Objet: Evaluation, Prévention et gestion des risques d’inondation, Montpellier, Lattes, Pérols, Palavas.
Référence: Votre réponse du 27 Mai 2014
Monsieur le Préfet,
Je vous remercie de votre réponse à mon courrier du 14 Mars 2014. Je regrette cependant que les éléments de vos réponses traitées soient partielles et trop souvent identiques à celles émises par la DDTM lors de la présentation du PPRI à Lattes le 15 Janvier 2013. Elles n’apportent aucun élément nouveau, en particulier sur la validité de la sécurisation de Montpellier Sud, Lattes, Pérols et Palavas face aux inondations.
En dehors du confortement des digues du Lez qui protègent vraiment Lattes contre une rupture de digue, je me pose encore cette question: «Est-ce que le chenal de la Lironde permettant la dérivation d’une partie des crues du Lez vers l’étang du Méjean a été réalisé afin de nous protéger d’une inondation ou bien celle de permettre l’extension intensive de l’urbanisation vers la mer?».
Le caractère illusoire de sécurité en l’absence de pertes humaines au cours des dernières crues malgré l’accroissement de la densité de sa population prédomine sur la réalité du risque.
Avant vous, Monsieur le Préfet de Région Claude Baland avait conduit une réunion « d’échange avec les élus et employés des communes concernées dans le cadre du plan Etat-Région.» sur la Prévention du risque submersion marine inondationen Languedoc-Roussillon mi-mars 2010 au phare de Palavas. Il avait alors promis « d’étudier parcelle par parcelle, commune par commune, en cas de désaccord, les sous-préfets du littoral trancheront. »»le territoire constructible. Néanmoins, depuis cette date, je constate des constructions:
- en première ligne en rive droite à Palavas;
- en bordure du port Carême à Pérols (à proximité des habitations inondées en 2003, ou j’étais intervenu en tant que bénévole afin d’aider au nettoyage ;
- à Lattes, avec des habitations en rez de chaussée en dessous du niveau des plus hautes eaux de 1979;
- à Montpellier, de nombreux bâtiments, de la Pompignane en direction de l’Avenue de la Mer jusqu’à Lattes et Pérols;
Une inondation résulte toujours de la conjonction entre les précipitations (l’aléa), les conditions d’occupation des sols et les conséquences de l’urbanisation. Si le facteur le plus important demeure la quantité d’eau reçue par les sols, il y a ceux d’origine anthropique qui entraînent une amplification des phénomènes d’inondation. Ces facteurs d’aggravation sont principalement :
- la diminution, voire la suppression, des zones naturelles d’expansion des crues;
- l’élévation du niveau des terrains en bordure du Lez;
- l’imperméabilisation des sols par l’importance des surfaces bâties depuis 1977;
- les différents ouvrages (doublement autoroute A9, Ligne LGV);
- la modification ou l’absence des pratiques agricoles, avec notamment des parcelles conduisant à la disparition des haies, fossés et bosquets, imperméabilisation du sol, zones constructibles…;
- la conjonction d’une inondation en amont avec l’élévation du niveau marin et des étangs en aval;
- les effets négatifs de la modification climatique qui est en cours;
- la culture du risque qui n’est pas toujours prise en compte.
En l’absence d’une documentation fiable sur la vulnérabilité effective ou non et des enjeux du bassin Lez/Mosson dans sa globalité, je considère comme une imposture de dire que la population et la ville sont protégées pour une crue allant jusqu’à 1200 m3/seconde. Ces informations sont pourtant diffusées d’une part, par le Maire de Lattes et maintenant par le Président de l’Agglomération de Montpellier.
Je reformule donc ma demande pour qu’un Plan de Gestion des Risques d’Inondation (PGRI) pour le Bassin de vie du Lez/Mosson soit réalisé, avec:
1 La cartographie des surfaces inondables et des risques d’inondation, lit mineur, lit majeur.
2 L’évaluation des conséquences négatives liées aux inondations.
3 Identifier les objectifs prioritaires et les champs d’action à investir (amélioration de la connaissance, aménagement ou réduction de la vulnérabilité, gestion de crise, gestion de l’aléa, culture du risque, alerte et prévision).
4 Définir des stratégies cohérentes locales de gestion des risques d’inondation à l’échelle de ce bassin hydrographique du Lez/Mosson dans sa globalité avec la/les concomitances par secteur, y compris en cas de submersion marine.
Afin de rendre les territoires moins vulnérables en améliorant la prévention, Madame la Ministre de l’écologie, Ségolène ROYAL, a indiqué l’élaboration d’un «référentiel de vulnérabilité». Cet outil intégrera la «vulnérabilité effective des enjeux». Il est annoncé pour l’automne 2015.
L’évaluation et la gestion du risque d’inondation en conformité avec la stratégie nationale de Madame la Ministre, concorde avec la directive européenne de 2007 et répond à mon attente.
Est-ce qu’un PGRI (Plan de Gestion des Risques d’Inondation ) pour le Bassin de vie du Lez/Mosson dans sa globalité) sera réalisé et mis à notre disposition et consultable par les habitants de ce bassin?
Je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, en l’assurance de mes respectueuses salutations.
Jacky CHANTON
Le Lanceur d’alerte