le Plan Eau, 53 mesures : urgence REUT

En cette première moitié de l’année 2023, l’état de sécheresse oblige, enfin, nos gouvernants à se pencher sur le problème de la gestion de la ressource « Eau ». Et à edicter et publier « Le Plan Eau« , en 53 mesures. Le changement climatique se traduit par un déficit des ressources en eaux continentales. Que faire ?

Problèmatique EAU

L’eau n’est pas inépuisable. Il est paradoxal de constater que l’eau est abondante sur la planète ! Les océans en contiennent des milliards de métres cubes. Le problème est que cette eau est salée, elle est impropre à tout usage alimentaire : ce n’est pas de l’eau potable. Nous citons Wikipedia

L’eau est distribuée partout à travers l’hydrosphère terrestre . La majeure partie de l’eau de l’atmosphère et de la croûte terrestre provient de l’eau de mer salée de l’océan mondial , tandis que l’eau douce ne représente que 2,5 % du total.

Le problème est là : l’eau douce (dont l’eau potable)  est rare, elle se raréfie. Or, il y a une demande mondiale. Nous n’avons pas la prétention de traiter le problème à l’échelle mondiale. Nous intéresserons à la métrooole montpelliéraine.

Les sources d’eau de la métropole montpellièraine

L’alimentation en eau potable de la métropole est décrite sur le site ad-hoc. La plus connue est la source du Lez qui alimentait la ville capitale par un aqueduc aboutissant au Peyrou. L’aqueduc a été remplacé par une canalisation arrivant au Centre Arago. Les études du professeur Avias, hydrogéologue, ayant limité le prélèvement de cette source, un canal amène l’eau du Rhône et des forages complètent ponctuellement. La Métropole s’est dotée d’une régie des eaux concernant les eaux potables et les eaux brutes. Le site donne une abondante documentation bien fournie en données. Un rapport attire notre attention : il est question d’assainissement [des eaux usées]. L’eau ne se perd pas mais elle s’use et, ce faisant, devient un déchet à traiter avant son rejet dans l’environnement (notre doctrine défendue depuis les débuts de l’ODAM). Il faut assainir l’eau qui est usée et recueillie dans le réseau de collecte des eaux usées.

Le problème des eaux usées et leur assainissement

La consommation humaine transforme une ressource vitale pour la vie en un déchet qui est chargé en toxiques de toutes sortes. La vie est dépendante de l’eau et dans nos sociétés, l’eau douce potable ou potabilisée est un produit de consommation gaspillé. 

La consommation humaine domestique

 La consommation alimentaire est un des aspects du problème, le plus important. Les robinets de nos logements urbains délivrent de l’eau potable consommée pour des usages non alimentaires :

  • alimentation des chasses de toilettes (WC),
  • alimentation des machines à laver (lave-linges, lave-vaisselles, …) etc.

dispositifs produisant les eaux usées. Ces eaux, notamment celles des WC, sont chargées en résidus de médicaments très divers allant jusqu’à des isotopes radio-actifs. Ces eaux sont collectées par un réseau d’égouts (voir site gouvernemental). 

La collecte des eaux usées

 Les eaux usées sont collectées puis transportées via un réseau de canalisations vers une station d’épuration qui se chargera de la dépollution. Les industriels usent aussi de l’eau et constituent un problème que nous ne traiterons pas ici, ils doivent traiter leurs eaux usées. Les égoûts sont anciens à Montpellier, ils collectent aussi les eaux de pluie dans des canaux uiques : le réseau unitaire. En théorie ! Où vont les eaux dépolluées ? Elles vont dans des STEP ou stations d’épuration des eaux usées.

Le traitement des eaux usées

Le traitement est fait dans des stations d’épuration des eaux usées (STEP). Nous vous orientons sur le site Natura-Sciences qui nous propose le schéma le plus écologique. Ici, à Montpellier-Méditerrannée-Métropole, nous avons la « Rolls » des STEP, j’ai nommé Maéra ainsi nommée par un de nos défunts présidents d’Agglo, Georges Frèche. Nous avons fait appel au compte-rendu que nous avons fait de la conférence de Monsieur Jacques Pelorce, Ingénieur des Travaux Publics de l’État (ITPE), Hydraulicien. Captain Jack (son surnom) s’exprimant en 2004, dénonçait une gigantesque gabegie, dont un futur gaspillage d’eau qui pouvait être réutilisable. Je cite d’après mes notes d’il y a 19 ans ! Voyons plutôt : 

« avec un traitement maximum de 90% des polluants. Les effluents ne sont donc pas épurés à 100% »

Donc on pollue la Méditerrannée, au large de Palavas, au bout d’une conduite terrestre pluis sous-marine qui déverse : 

«Vont se déverser au large des métaux lourds (cuivre, zinc, chrome, plomb, mercure, nickel. etc) dans un lieu situé à 10 km de la pointe de l’Espiguette et de Frontignan, en plein golfe d’Aigues-Mortes : 113.000 m3/jour, 1,5 m3/s (41,3 Mm3/an) contenant entre autres, des matières en suspension (3,5 T/jour de MEST[1]), des DBO[2] et des DCO[3] (ces deux-là appauvrissent le milieu en oxygène), plus des ions de composés azotés, phosphore, médicaments humains rejetés avec les selles, PCB, etc. Sans compter une impressionnante quantité de germes coliformes. Cette pollution portée par de l’eau non-salée ne se mélangera pas à l’eau de mer et remontera à la surface avec ses polluants, dérivant au gré des vents dominants.».

[1] Les matières en suspension totales, ou Mest, sont l’un des paramètres de la qualité et, à contrario, de la pollution d’une eau. Ces particules en suspension non dissoutes sont obtenues par filtration, séchage et pesage d’échantillons d’eau. Les Mest sont exprimées en milligramme par litre.

[2] La demande biochimique en oxygène ou DBO est la quantité d’oxygène nécessaire pour oxyder les matières organiques par voie biologique. Elle permet d’évaluer la fraction biodégradable de la charge polluante carbonée des eaux usées

[3] La demande chimique en oxygène ou DCO est la consommation en dioxygène par les oxydants chimiques forts pour oxyder les substances organiques et minérales de l’eau. C’est l’une des méthodes les plus utilisées pour évaluer la charge globale en polluants organiques d’une eau.

Vous avez bien lu : 113.000 m3/jour ! qui partent saloper la mer au large de Palavas et qui ont fait réagir Captain Jack, membre actif éminent du CAPNUBAM et nous font réagir à l’ODAM depuis 2008. La lecture du Plan eau nous donne, 19 ans après, RAISON ! Nous avons eu, nous avons raison ! En plus de polluer, nous gaspillons. Nous l’avons dit au Commissaire enquêteur, lorsque la Métropole a décidé de lancer une enquête d’utilité publique (EUP) pour nous placer comme modernisation de Maera une extension des capacités de la STEP.

En conclusion : la REUT

La réutilisation des eaux usées (REUT) et un des enjeux du Plan Eau, une des 53 mesures urgentes. Quand Montpellier-Métropole va faire aboutir sa canalisation de 12 km en mer et la diriger vers des jardins filtrants d’où on pourra pomper l’eau réhabilitée pour arroser les cultures de nos agri-culteurs. La REUT n’est plus une utopie d’écolos. La sécheresse qui a frappé notre été 2022, la perspective de l’été 2023, doivent nous motiver pour passer, sans aucun observatoire (prévu dans les 53 mesures), à la réalisation urgente d’un plan REUT vers notre agriculture.

Raymond GIMILIO
Président de l’ODAM
Docteur en Sciences biologiques mention Ecologie (USTL 1971)
Ancien chargé d’études Haut-Niveau au Ministère de l’Environnement (1980-1996)

 




Café Citoyen Ecologique de CAP21

28/04/2005, Brasserie Le César, Montpellier

2e conférence :  Que faire des eaux usées pour les valoriser (ex : les problèmes de pollution posés par l’émissaire en mer de l¹Agglo de Montpellier) ?

Par Jacques Pelorce, Membre du bureau de l’Association Camargue Littoral Environnement (CLE) et Ingénieur des Travaux publics, spécialiste en Hydraulique (Captain Jack).

Annonce des travaux

L’intervenant situe d’emblée le contexte de la station d’épuration des eaux usées de la Cérereide (l’ancienne, 30 ans, qui rejette dans le Lez) et qui est obsolète. Le projet de l’Agglomération qui a repris celui de la précédente intercommunalité (District : un argument « tout le monde le fait, pourquoi pas nous ») est l’envoi direct en mer des eaux usées, avec un traitement maximum de 90% des polluants. Les effluents ne sont donc pas épurés à 100%. Le projet est justifié après-coup (à posteriori). La Mairie du Grau du Roi a attaqué le 31/12/1999 l’autorisation et une nouvelle enquête publique est diligentée par la Préfecture. Une levée de boucliers (communes, pêcheurs, conchyliculteurs, …) se fait, les responsables d’associations et les particuliers menaçant le Préfet Francis IDRAC, au cas où, de poursuites à titre PERSONNEL (non ès-qualité comme Préfet), en vertu de l’application du principe de précaution, par lettres recommandées, le rendant responsable des conséquences à terme de l’impact supposé négatif sur l’Environnement, s’il persiste à autoriser l’émissaire.

Vont se déverser au large des métaux lourds (cuivre, zinc, chrome, plomb, mercure, nickel. etc) dans un lieu situé à 10 km de la pointe de l’Espiguette et de Frontignan, en plein golfe d’Aigues-Mortes : 113.000 m3/jour, 1,5 m3/s (41,3 Mm3/an) contenant entre autres, des matières en suspension (3,5 T/jour de MEST[1]), des DBO[2] et des DCO[3] (ces deux-là appauvrissent le milieu en oxygène), plus des ions de composés azotés, phosphore, médicaments humains rejetés avec les selles, PCB, etc. Sans compter une impressionnante quantité de germes coliformes. Cette pollution portée par de l’eau non-salée ne se mélangera pas à l’eau de mer et remontera à la surface avec ses polluants, dérivant au gré des vents dominants.

Les bureaux d’étude mettent en avant les modèles mathématiques qui justifient ce choix. Il s’agit en fait de logiciels informatiques de simulation auxquels on peut faire dire ce qu’on veut (comme les statistiques et les sondages).

Si une autorisation était donnée, en l’état, on ne pourrait pas y revenir avant 15 ans au moins, 20 ans au mieux.

Sur les coûts comparés d’une station d’épuration rejetant dans le Lez (état actuel amélioré) ou rejetant en mer des effluents épurés à 90%, le différentiel est nul. Le « pouvoir d’épuration du milieu naturel est un leurre » ainsi que la dilution de la pollution dans la mer.

Le fameux courant ligure sur l’existence duquel l’agglo s’appuie pour « balayer au large les effluents » ne pénètre pas dans le golfe d’Aigues-Mortes ». Selon le régime des vents, il y aura des moments où les parcs conchylicoles seront atteints par les eaux tournant en surface. Le conférencier insiste sur les phénomènes d’« upwelling » (remontées d’eaux froides du fond) et de « downwelling » (descente d’eaux chaudes de surface), phénomènes qui accompagnent les vents de nord-est ou de sud-est.

L’agglo et les organismes de recherche ont affirmé qu’il n’y avait pas de phénomènes d’eutrophisation du milieu naturel (phénomène d’ enrichissement en éléments nutritifs azote-phosphore-potassium) en Méditerranée, donc pas de danger dû à l’émissaire. C’est faux et les instituts l’on reconnut : les estuaires des fleuves se déversant dans la Méditerranée sont des zones d’eutrophisation. L’explosion de la vie autour des récifs artificiels en est un des avertisseurs, un indicateur du commencement … de la fin. Comme dans le bassin de Thau où la conchyliculture a tué la vie du fond de l’étang (par eutrophisation).

Le rôle de désinfectant des ultraviolets, l’influence des types de temps est primordiale pour comprendre qu’il faut arrêter de déverser dans la mer des effluents non-traités.

Ma conclusion, dite au public : « L’entité politique qui contrôle la commune de Montpellier, l’Agglo et la Région » s’en est prise à l’Agence Méditerranéenne de l’Environnement. Après une telle conférence, on comprend pourquoi. Ils ont détruit le thermomètre pour cacher la fièvre ». En effet, l’agence s’est refusée à avaliser un tel projet.

 Ma conclusion « in petto » : « Que ce soit pour les Ordures Ménagères ou l’Assainissement des eaux usées, on nous taxe fort, avec l’alibi des Verts et on cherche à ne traiter nos déchets qu’au minimum, pour paraître. Assainissement ou Ordures ménagères, même politique. On veut les enfouir bruts où les rejeter en mer bruts. A la décharge de Maurin fait pendant l’Emissaire de la Cereiréde. L’ancien Préfet (prédécesseur d’Idrac) a été aux ordres et a, de ce fait, laissé à son successeur, un tapis de mines amorcées ». A nous de ne pas nous laisser impressionner !

 Raymond GIMILIO

Docteur en sciences biologiques option écologie
Président de l’ODAM
(USTL, Montpellier II, 1971)

[1] Les matières en suspension totales, ou Mest, sont l’un des paramètres de la qualité et, à contrario, de la pollution d’une eau. Ces particules en suspension non dissoutes sont obtenues par filtration, séchage et pesage d’échantillons d’eau. Les Mest sont exprimées en milligramme par litre.

[2] La demande biochimique en oxygène ou DBO est la quantité d’oxygène nécessaire pour oxyder les matières organiques par voie biologique. Elle permet d’évaluer la fraction biodégradable de la charge polluante carbonée des eaux usées

[3] La demande chimique en oxygène ou DCO est la consommation en dioxygène par les oxydants chimiques forts pour oxyder les substances organiques et minérales de l’eau. C’est l’une des méthodes les plus utilisées pour évaluer la charge globale en polluants organiques d’une eau.